Pour répondre aux besoins des habitants, dès le début de la pandémie de Covid-19, la Municipalité de Nanterre avait mis en place des « coronapistes ». Celles de l’avenue Georges Clemenceau, qui s’étendent de façon intermittente de la place de la Boule au Rond Point des Bergères, à Puteaux, ont réduit la circulation de trois à deux voies dans les deux sens. Encore en usage aujourd’hui, elles ne sont délimitées que par des marquages au sol éphémères.

Une réunion publique s’est tenue le jeudi 30 juin, entre 19 h et 21 h, dans le sous-sol de l’Hôtel de Ville. Le maire, Patrick Jarry, était présent aux côtés de plusieurs conseillers municipaux et du Département, pour évoquer auprès des habitants le projet de pérennisation de ces pistes cyclables. Pour ce faire, l’intégralité de l’aménagement de l’avenue Georges Clémenceau (ou RD213) , doit être repensé. Thierry Dussautoir du conseil départemental, estime que « telles qu’elles sont aujourd’hui, elles ne sont pas du tout sécurisées pour les cyclistes.Vous pouvez voir régulièrement des voitures stationner dedans, des camions, des choses comme ça… Donc ça n’est pas très sécurisant et ça peut décourager certains à les utiliser. »

Or, cette artère majeure traversée par quelque 19 737 voitures et camions par jour, est également fréquentée quotidiennement par près de 1 000 vélos (chiffres du Département). Créer de vraies pistes cyclables sécurisées est donc, pour Thierry Dussautoir, un véritable besoin. Un besoin puisque « cela fait partie des actions qui permettent de contribuer » à résoudre les problèmes climatiques, en offrant « une alternative à la voiture ». Et pour les plus frileux, le conseiller départemental ajoute, «  de toute façon la loi nous impose de le faire ». Il fait ici référence à la loi du 24 décembre 2019, qui implique qu’un quelconque changement sur la voirie, « même un changement d’éclairage » doit désormais entraîner l’installation d’« un itinéraire cyclable ».

Patrick Jarry confirme cette notion de besoin collectif. « Les débats qu’on avait à Nanterre concernant les vélos, c’est qu’on avait commencé à faire des pistes cyclables sur un certain nombre de voies importantes, mais quand même secondaires, et que tous les grands axes, qui sont toutes des voies départementales (…) n’en n’avaient pas ». S’exprimant en son nom, et en celui de Vincent Soulage, en charge du plan vélo à Nanterre, le maire a évoqué l’enjeu très important que représente la pérennisation des pistes cyclables sur les grands axes départementaux.

L’occasion pour l’édile de se dédouaner un peu, « on nous a demandé si on était d’accord, on a levé la main tout de suite en disant que oui, on aurait même aimé que le préfet donne un accord pour qu’il y ait des ‘coronapistes’ sur l’avenue Joliot-Curie, expliquant que s’il n’y en avait pas, c’est parce que le préfet des Hauts-de-Seine, à l’époque, s’y est opposé ». Mais ça y est, le Département, avec la Ville, a lancé des études pour trouver un nouveau principe d’aménagement qui fasse consensus. Trois solutions ont ainsi été imaginées, et une seule a été pour l’instant retenue. Elle consiste à installer une piste bidirectionnelle, à la place de la contre-allée sud de l’avenue. Une solution qui comporte, selon les Hauts-de-Seine et la Municipalité, le plus d’avantages et le moins d’inconvénients.

Du côté des points positifs présentés lors de la réunion publique : le trottoir côté sud sera élargit d’environ 3 m et la séparation entre la chaussée réservée aux piétons et la piste cyclable sera nette. Aussi, les traversées aux carrefours seront sécurisées par des plateaux traversants, la piste bidirectionnelle sera large de 4 m et il y aura quatre fois plus d’espaces végétalisés, pour une meilleure infiltration. Si six arbres seront abattus, 44 autres seront plantés et surtout, l’avenue conservera deux files par sens « en section courante ». Quant aux points négatifs, les porteurs du projet les estiment minimes puisqu’ils ne concernent que le stationnement : le réaménagement entraînera la perte de 55 places sur la chaussée, « soit 19 % des places » de l’avenue.

Dans ce projet, qui n’est pas définitif, une attention particulière sera portée sur plusieurs points : la sécurisation des piétons, la séparation claire des différents espaces, la création de nouvelles zones de stationnement pour vélos, deux roues et personnes à mobilité réduite ; mais aussi la restitution de couloirs bus à l’approche du rond-point des Bergères. Un autre élément sur lequel Département et Ville insistent : le projet reste adaptable et sera soumis à concertation. In fine, le Département,(propriétaire de l’axe), et le maire (qui a la police de la circulation) auront le dernier mot.

Patrick Jarry, justement, semble tenir au partage d’informations et au dialogue avec les riverains. À ce titre, ses équipes sont allées à la rencontre de nombreux commerçants de l’avenue. « Le pire serait que les gens se réveillent un matin et découvrent qu’on a transformé cet endroit », déclare l’édile. Tout en étant conscient que le projet ne fera pas l’unanimité, il souhaite que les Nanterriens et Nanterriennes « sachent à l’avance » et « éventuellement apportent leurs idées ».

L’aménagement des nouvelles pistes cyclables de l’avenue Georges Clémenceau s’intègre dans un ensemble plus vaste de projets dédiés aux mobilités douces, rappelle le maire. Il évoque notamment la gare de la Boule « on espère pour 2030 » et le futur tramway sur l’avenue Juliot-Curie. Pour ce qui est du calendrier, l’année 2022 marque la préparation du marché de maîtrise d’œuvre et l’année 2023 les études opérationnelles. Les premiers travaux sont ainsi prévus dès 2024, pour une mise en service des nouvelles pistes cyclables en 2025. Les plans du projet devraient être partagés prochainement, en ligne. En attendant, pour en savoir plus sur les aménagements cyclables actuels et futurs de Nanterre, rendez-vous sur le site internet de la Ville.

CREDIT PHOTO : LA GAZETTE DE LA DEFENSE