« C’est un petit drame », nous confiait le directeur de la Maison de la musique de Nanterre, Dominique Laulanné, au lendemain de l’annonce par Emmanuel Macron du reconfinement du pays. Redouté, ce coup dur pour les salles de spectacle du secteur de la Défense les frappe quelques semaines seulement après leur réouverture au public, à la rentrée de septembre. Seule la municipalité de Puteaux avait choisi de les maintenir fermées et de reporter sa saison culturelle à janvier 2021, en anticipation d’une recrudescence de l’épidémie.

Déjà sous la contrainte du couvre-feu, qui les avait obligés à aménager les horaires de leurs spectacles, les directeurs de centres culturels ont maintenant dû procéder à des reports ou des annulations d’événements. Tous craignent un prolongement du confinement, pour l’heure proclamé jusqu’au 1er décembre prochain et déjà synonyme de bouleversements de programmation. Chacun se concentre, en attendant plus de visibilité, sur les répétitions de leurs artistes en résidence.

« Je ne suis pas très optimiste pour la suite et le mois de décembre », nous confie Philippe Lignier, directeur artistique de l’Espace Carpeaux à Courbevoie, passablement lassé du « yo-yo » de la situation épidémique en France. Tous les spectacles et concerts prévus ce mois-ci, tant à l’Espace Carpeaux qu’au Centre Événementiel et au Cabaret Jazz Club, ont évidemment été annulés ou reportés pour se conformer aux nouvelles restrictions.

« Le plus souvent, ce sont des reports pour le 1er semestre 2021, voire la saison prochaine, poursuit-il. Cela fait huit mois que l’on vit comme cela, c’est épuisant. On était tellement heureux d’avoir repris l’activité… Nous voilà repartis dans une gymnastique de planning difficile ».

Bien que subventionné par la Ville, l’Espace Carpeaux est un centre privé, largement financé par la billetterie. Les annulations de spectacles le touchent donc de plein fouet, d’autant que les mesures barrières mises en place jusqu’alors, affectaient déjà ses recettes. « Avec un siège de séparation entre les spectateurs ou couples de spectateurs, on plafonnait à 65 % de la jauge maximum et on était déjà en difficultés financières », se désole Philippe Lignier. 

Un son de cloche quelque peu différent tonne du côté de la Maison de la musique de Nanterre, établissement public abondé par la municipalité. « Nous sommes en effet financés par la Ville mais on reste très attentifs au budget, explique Dominique Laulanné, directeur artistique de la salle de concert. Au printemps dernier, nous avons réussi à économiser 60 % de ce que les annulations auraient dû nous coûter. Pour cela, nous avons notamment demandé à certains artistes de renoncer à leurs cachets ». 

De son côté, l’Espace Carpeaux doit en plus affronter l’effondrement, depuis le déconfinement, des locations de son Centre Événementiel par les entreprises. « En termes d’organisation d’événements, c’est le désert », regrette Philippe Lignier, qui se réconforte grâce aux répétitions de ses artistes en résidence. « J’ai été très heureux d’apprendre que les résidences étaient autorisées à poursuivre leur activité. En novembre, nous accueillons la compagnie de danse baroque L’Éventail, ainsi que Corinne Touzet, en audition jusqu’au 20 de ce mois pour son nouveau spectacle ». 

Même réjouissance du côté de la Maison de la musique, qui abrite jusqu’au 6 novembre les répétitions de TM+, un ensemble d’instrumentistes assisté de la plasticienne Justine Emard pour leur prochaine création, Diffraction. La première représentation, qui devait avoir lieu le 7 novembre à la Maison de la musique, a été annulée. Mais, l’enjeu des répétitions demeure pour les artistes. « Ils continuent de travailler afin de pouvoir filmer leur spectacle et ainsi, le vendre à d’autres salles l’année prochaine », précise Dominique Laulanné. 

Autre création de la maison, mais dont l’avenir n’est pas encore scellé celui-ci, Paroles impossibles, de Yoann Bourgeois. « C’est un des gros spectacles programmés au mois de décembre. Une captation est d’ailleurs prévue pour l’occasion. On étudie en ce moment l’option de la maintenir et de jouer le spectacle à huis clos, si le confinement devait perdurer le mois prochain. Malgré le contexte et l’écartèlement des salariés entre leurs différents lieux de travail, notre petite équipe imagine déjà la saison prochaine ». 

ATTENTION !
En raison des mesures sanitaires prises pour lutter contre la propagation du coronavirus, les évènements culturels sont susceptibles d’être annulés, reportés ou le nombre de places disponibles limité.

CREDIT PHOTO : ILLUSTRATION / GERALDINE ARESTEANU