Les faits remontent à 2015 mais ne seront pas jugés cette année. Marine Le Pen, députée comme présidente du Rassemblement national, et Gilbert Collard, député européen (RN), n’étaient pas présents à leur procès pour diffusion d’images violentes. Leurs avocats étaient par contre au Tribunal de grande instance (TGI) de Nanterre afin de demander le renvoi des deux affaires, qui ont été jointes sur décision du tribunal. Face à l’absence des deux protagonistes, le procès a été renvoyé.

« Nous sommes ici pour des dossiers qui auraient dû nous occuper tout l’après-midi », explique la présidente de séance alors qu’elle s’assoit aux côtés de ses assesseurs. Marine Le Pen et Gilbert Collard ont en effet déjà fait part de leur désir de voir le procès renvoyé, leurs avocats sont donc simplement présents pour en acter la demande qui reste entre les mains de la justice.

À la fin de l’année 2015, l’actuelle présidente du Rassemblement national et l’eurodéputé ont publié sur Twitter des images très violentes d’exactions perpétrées par l’organisation État islamique. Ces images choquantes ont fait l’objet de poursuites après un signalement du ministère de l’Intérieur, alors dirigé par Bernard Cazeneuve (PS). L’instruction a cependant été particulièrement longue à cause du statut spécifique des deux protagonistes, protégés jusque-là par l’immunité parlementaire.

« Madame Le Pen est à l’origine de cette demande de renvoi, informe son avocat. Elle est en assemblée plénière à l’Assemblée nationale. » Et en effet, la députée du Pas-de-Calais était présente dans l’hémicycle à 15 h, pour le vote de la loi sur la bioéthique, ouvrant la procréation médicalement assistée aux couples de femmes. L’avocat de Gilbert Collard va dans le sens de son confrère. « Il est à Strasbourg au parlement », dit-il de son client (aucune séance plénière n’y était organisée mardi 15 octobre, Ndlr).

« Je ne m’oppose pas à cette demande, lance le procureur. Dans de telles situations, lorsqu’il y a des personnalités politiques, ça passe rarement sans un premier renvoi. » Après une brève suspension d’audience, la présidente donne gain de cause aux avocats présents et reporte l’audience au mois de juin prochain. « Il est possible qu’on fasse citer Bernard Cazeneuve. C’est un élément important à l’origine de cette procédure », ajoute le conseil de l’eurodéputé. Comme son confrère, il assure que son client désire être présent en juin. Ils risquent trois ans de prison et 75 000 euros d’amende.

RAPPEL
Les condamnations en première instance ne sont pas définitives puisque susceptibles d’appel. Jusqu’à leur condamnation définitive, les prévenus sont donc toujours présumés innocents.

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