Depuis jeudi dernier elle comparait à la 15e chambre correctionnelle du tribunal de Nanterre. Il lui est reproché d’avoir surfacturé entre 2013 et 2015 des centaines d’actes médicaux auprès de la sécurité sociale pour plus de 130 000 euros et d’avoir détourné 80 000 euros en contrefaçons de chèques à couple de personnes âgées, rapporte le Parisien.

Une foule de partie civile attendait le procès de l’infirmière. Au rang de ceux lésés par ces actes, la CPAM bien sûr, mais également l’assureur Aviva, la Banque postale, le LCL, ainsi que les héritiers du couple victime de contrefaçons de chèques.

Si c’est par le signalement d’irrégularité par un patient en 2012 que les enquêteurs de la CPAM se sont mis sur la piste de l’infirmière, c’est ensuite un impressionnant montage « d’actes fictifs et répétés », selon le mot du procureur, que la « super-infirmière » s’est distinguée.

L’infirmière gonflait le nombre d’actes, multipliait perfusions, pose de pansement et toilettes d’une heure et demi au lieu des 20 minutes recommandés par les traitements : « Rien que pour ces types de faits, on en est à plus de 82 000 € dont 66 000 pour un seul patient », constate le magistrat. Entre 2013 et 2014, la « super-infirmière » a totalisé 35 000 actes médicaux par an : « La moyenne francilienne est de 5 000. Vous en facturez sept fois plus ! », tacle le magistrat.

« On se croirait dans un film Pixar : Super infirmière ! Je suis admiratif mais il n’y a que 24 heures dans une journée : ce n’est chronologiquement pas possible ! », s’agace le président du tribunal. L’infirmière s’est pourtant défendue de toute fraude, arguant qu’elle est « passionnée par son métier » et qu’elle « avait des dettes à rembourser ». Ce n’est toutefois pas son coup d’essai : il y a trois ans, elle avait dû rembourser quelques 250 000 euros à la sécurité sociale.

Au sujet des chèques contrefaits, l’infirmière a assuré qu’il s’agissait d’un simple « remboursement » : « Je leur rendais des services depuis des années. Il a bien fallu qu’ils me remboursent. » Ses lignes de défense n’auront toutefois pas convaincu. Le procureur a requis trois ans de prison, dont un de sursis et mise à l’épreuve, l’interdiction définitive d’exercer la profession d’infirmière libérale et la saisie du contenu des comptes du couple, soit 145 150 euros.