Une signature pour lutter contre le « pillage économique » des géants américains. Mercredi 13 février, à 11 h, les présidents des conseils départementaux des Hauts-de-Seine et des Yvelines, Patrick Devedjian et Pierre Bédier, signaient un accord pour installer sur les ordinateurs des départements le moteur de recherche français Qwant, qui promet de ne pas utiliser les données personnelles de ses utilisateurs.

Tristan Nitot n’y est pas allé de main morte. Qwant, qui hache et chiffre les données personnelles de ses utilisateurs, serait une réponse aux pillages du net opérés par Facebook et Google. « Veut-on que la France devienne colonie numérique américaine ? », s’est-t-il ainsi interrogé, soulignant que Facebook serait une coquille vide sans les données personnelles de ses usagers, ou que Google, via ses multiples applications, dispose d’une somme inquiétante de données.

« Google collecte toutes vos données personnelles, que ce soit votre position et vos déplacements prévus avec Maps, vos correspondances avec Gmail, vos contacts, votre réseau, vos préoccupations, vos interrogations avec le moteur de recherche, ou encore ce que vous prévoyez de faire avec Google Agenda : si vous êtes sous surveillance, vous n’êtes pas libres», s’alarme-t-il.

5 000 postes de l’hôtel départemental et 3 000 postes dans les Yvelines sont déjà équipés du moteur de recherche français, auxquels s’ajoute depuis le 1er février ceux du conseil départemental des Hauts-de-Seine. « Ce n’est pas quelques milliers d’ordinateurs qui vont changer notre chiffre d’affaire, mais cela montre que notre service est propre et digne de confiance, et nous, nous payons nos impôts en France, suivez mon regard ! », glisse Tristan Nitot dans une dernière pique adressée aux GAFA.

Avec son module « School », Qwant vise également les écoles : « Il est primordial de protéger et de préserver les plus jeunes. Qwant School le permet grâce à un filtrage des contenus violents et pornographiques, une mise en avant des contenus éducatifs et spécialisés, des actualités choisies pour les enfants », détaille le vice-président de l’entreprise, qui comptabilise entre 60 et 100 millions de recherches par mois.

Philippe Jaur, fonctionnaire travaillant au conseil départemental, utilise le moteur de recherche depuis presque trois ans : «  c’est la protection des données qui m’a convaincu parce qu’insidieusement, ça modèle les esprits, on finit par penser ‘Google’ », renseigne-t-il, ajoutant qu’en trois ans d’expérience, il a pu constater que « les index et le moteur de recherche » se sont « perfectionnés ».

Le moteur de recherche, qui est en phase de test sur les ordinateurs de l’armée, vise à tripler son chiffre d’affaire de 2017 en 2019, qui reste pour l’instant « juste », selon l’entreprise. Elle peut en tout cas compter sur le soutien de Patrick Devedjian : « cette signature est un acte militant, et nous allons encourager les autres départements à installer ce moteur de recherche ».