Vers un chauffage de bureau plus vert

Le concessionnaire du réseau de chaleur et de froid Idex, situé à Courbevoie non loin du chantier d’Eole (prolongement du RER E vers l’Ouest, Ndlr), a débuté sa transition énergétique. Depuis le mois de juin dernier, des travaux sont engagés pour convertir, d’ici octobre 2022, une partie de ses installations à un combustible issu de déchets agricoles : l’agropellet. Assimilable visuellement à de la sciure pour animaux en granulés, ces agglomérés de déchets verts, de paille, de rafle de maïs, de sarments de vignes et autres coques de noix constitueront la pierre angulaire de la transition énergétique de la centrale.

« L’idée était d’aller chercher des produits pas encore valorisés et de les transformer par un procédé développé par une entreprise française, RAGT », précise Benjamin Frémaux, président d’Idex. Contrainte par des normes toujours plus sévères en termes d’émanations polluantes et poussée par un rejet grandissant de l’opinion publique pour les carburants fossiles, la ­direction de l’usine, qui chauffe une bonne partie des tours de la ­Défense grâce au fioul, s’est fixée l’objectif de produire de la chaleur à 60 % grâce à des énergies renouvelables ou issues de récupération d’ici 2022.

Pour y parvenir, Idex va donc diversifier son bouquet énergétique. 20 % de sa production de chaud provient déjà de sa pompe à chaleur, intégrée à sa centrale de climatisation (voir encadré ci-dessous). 35 à 40 % seront issus de la combustion du fameux agropellet. Des brûleurs au gaz et au biofioul assureront les 40 % du bouquet restant. Les travaux d’adaptation de la centrale ont commencé par le démontage de trois des quatre immenses réservoirs de fioul, afin de dégager un espace de 1 500 m³ de stockage pour l’agropellet.

Celui-ci sera acheminé par la voie de chemin de fer, construite du temps où la centrale tournait au charbon. La ligne, pour l’heure coupée à cause du chantier d’Eole, rouvrira d’ici la mise à feu des nouvelles chaudières, le 15 octobre 2022 et fournira les 2 400 tonnes d’agropellets qui seront brûlés chaque semaine à plein régime. Deux chaudières, à l’arrêt depuis 2013, vont prochainement subir une complète conversion (changement du brûleur, modification du parcours de fumées, création d’un système de décendrage) afin de pouvoir embraser ces granulés préalablement réduits en poussières.

Si Idex assure que l’agropellet va lui permettre de réduire de 54 000 tonnes ses rejets de Co2, le tout pour un prix équivalent au kilowatt par rapport au fioul, cette transition ne sera pas totalement idyllique. Les deux chaudières au fioul lourd converties à l’agropellet produisaient 45 mégawatts chacune. Leur puissance sera divisée de moitié avec leur nouveau carburant, à 22,5 mégawatts. La cause ? L’impossibilité de construire des chaudières de plus grandes dimensions.

Idex n’aurait en effet pu obtenir de permis de construire pour s’agrandir ; tout le projet de conversion reposait donc sur la possibilité de mener à bien cette transition en tenant compte du foncier existant. La quantité de fumées dégagées par la combustion des granules de végétaux explique en outre la nécessité de baisser le régime des chaudières. Ces fumées seront retraitées, afin de les débarrasser le plus possible des métaux lourds, du souffre ou des acides qu’elles contiennent.

Au total, l’ensemble des investissements à réaliser pour le verdissement de la centrale s’élèvera à 30 millions d’euros. Une charge, partagée par le concessionnaire Idex et Généria, l’autorité publique de tutelle propriétaire des lieux. L’Ademe (Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie, Ndrl) ainsi que la Région Île-de-France seront aussi sollicitées afin d’obtenir des subventions.

La climatisation des tours, mode d’emploi

Salariés de la Défense, vous vous êtes peut-être déjà demandé comment fonctionnait la climatisation de votre bureau, car très rares sont les tours qui produisent leur propre air
réfrigéré. Celui-ci provient en fait de deux grandes centrales de froid situées dans le secteur du quartier d’affaires et qui distribuent par un ingénieux réseau de conduites passant sous les dalles de la Défense de l’eau, à quelques degrés au-dessus de 0, jusqu’aux tours.

Grâce à un échangeur placé sous chacune d’elles, l’eau froide du réseau rafraîchit celle qui alimente les climatiseurs de l’ensemble des gratte-ciel bénéficiant du service. Pour satisfaire ses clients, Idex, qui possède six groupes froids, détient le plus grand stockage de glace d’Europe. Des grandes piscines souterraines remplies d’eau givrée peuvent ainsi compléter la capacité de réfrigération du réseau de froid de l’usine en cas de fortes températures.

Qui dit production de froid, dit rejets de chaleur. « Les groupes froids fonctionnent un peu comme un frigidaire, qui capte la chaleur à l’intérieur pour l’évacuer à l’extérieur, explique Frédéric Scheiner, directeur de la Société urbaine de climatisation (SUC) filiale de Dalkia et implantée à la Défense. Un groupe froid comme le nôtre produit de l’eau glacée à environ 4,5°C ; eau qui va ensuite partir dans les réseaux. Elle va nous revenir à 14°C à peu près, après avoir capté la chaleur dans les tours ». Et cette chaleur doit bien être évacuée .

Chez Idex, une partie est récupérée par une pompe à chaleur, qui va ainsi alimenter le réseau chaud. Un dispositif semblable est à l’étude à la SUC mais n’est pas encore opérationnel. Le gros de la chaleur produite est surtout libéré dans l’atmosphère chez Idex, via des tours de refroidissement. Des colonnes, rejetant de la vapeur d’eau et qui pouvait auparavant occasionner des contaminations à la légionelle – les contrôles sont plus sérieux désormais.

Reste que ces cheminées peuvent constituer des îlots de chaleur. Un problème résolu depuis longtemps par la SUC, centrale de climatisation dissimulée sous la tour Prisma. « C’est l’eau de Seine pompée en aval qui nous permet de refroidir celle de notre réseau avant d’être rejetée dans le fleuve, détaille Frédéric Scheiner. Cela induit un réchauffement négligeable de la Seine, au vu des quantités pompées ». Celui-ci, n’excéderait pas les 0,5°C à 10 mètres de profondeur.

CRÉDIT PHOTO : LA GAZETTE DE LA DÉFENSE

Articles similaires

Ce site internet utilise des cookies pour mesurer son audience.