Rentrée scolaire : un casse-tête à tous les étages

Classes sans professeur, élèves non affectés, parents inquiets… Cette année, le retour sur les bancs de l’école ne s’est pas toujours déroulé dans la sérénité, confirmant les inquiétudes des parents et des syndicats.

C’est dans un contexte particulièrement tendu que les jeunes alto-séquanais ont repris le chemin de l’école, la semaine dernière. Les nombreuses polémiques ayant émaillé l’été ne laissaient pas franchement place à l’optimisme ; rendant même inquiets de nombreux parents aux quatre coins du pays.

Ces inquiétudes étaient-elles justifiées ? S’il est encore impossible de tirer un bilan précis de la situation sans chiffres détaillés*, les retours obtenus par Katalin Lhomme, présidente de la FCPE 92, semblent confirmer les craintes antérieures à la rentrée scolaire. « On a eu de nombreux retours d’enseignants qui n’étaient pas dans les classes, rapporte-t-elle entre deux rencontres avec des familles. On en attend encore. On avait bien des craintes sur le nombre d’enseignants qui allaient accueillir les élèves. Dans certains cas, ils ont été accueillis par des remplaçants qui ne sont même pas sûrs de rester ».

Afin de pallier cette situation délicate, l’Éducation Nationale a procédé à de nombreux « job dating » durant l’été, afin de recruter rapidement de nouveaux enseignants contractuels. Un processus qui soulevé des débats, non sans faire grincer des dents. Dans l’académie de Versailles, ce ne sont pas moins de 500 postes qui étaient à pourvoir, dont la formation express, proposée à la hâte aux candidats, n’a pas convaincu, loin s’en faut. « Cela fait longtemps que nous alertons sur les postes non pourvus et les remplacements, rappelle Katalin Lhomme. Ce qui nous inquiète avec cette solution, c’est la formation du personnel. On veut des adultes formés devant nos enfants. Pourtant, c’est bien le rôle des ministères d’anticiper ». Outre les enseignants, de nombreux postes d’infirmières et d’assistances sociales étaient vacants le jour de la rentrée, à en croire les dires de la présidente de la FCPE.

Reste à trouver la solution miracle pour rendre le métier d’enseignant plus attractif. Des salaires plus élevés ? « C’est une question évidente, mais ce sont les syndicats d’enseignants qui sont à même d’y répondre », poursuit Katalin Lhomme. Pour elle, l’essentiel, c’est « un enseignement de qualité », qui passe par « des effectifs moins élevés » par classe. Ça tombe bien : l’académie de Versailles a annoncé, via son « dossier de rentrée », sa volonté de « poursuivre la baisse du nombre d’élèves par classe », notamment en dédoublant les classes de grande section et de CP/CE1 et en limitant à 24 le nombre d’enfants par classe, hors éducation prioritaire.

Malgré la complexité de la situation, la principale préoccupation de l’association est ailleurs. Si certains élèves n’avaient pas de professeur face à eux à la rentrée, d’autres n’étaient tout simplement pas affectés dans aucun établissement. Un phénomène récurrent qui touchait 1 200 lycéens au 1er juillet, et qui n’est toujours pas résolu aujourd’hui. « Le ministère a l’obligation de scolariser ces enfants, prévient Katalin Lhomme. On alerte sur ce problème depuis des années. Il n’est pas concevable que des élèves ne participent pas à la rentrée à cause d’un manque de place. La cause, c’est un problème de chiffres. Le nombre de places disponibles en lycée ne correspond pas à la démographie, il peut rester des places dans le Nord pour des élèves vivant dans le Sud ». Un casse-tête de plus qui devrait cependant être réglé rapidement.

« On a eu de nombreux retours d’enseignants qui n’étaient pas dans les classes ».

S’il y a bien des enfants habitués à un manque d’accompagnement à l’école, ce sont bien les élèves en situation de handicap. Les familles et les syndicats alertent chaque année sur le manque d’accompagnateurs, et cette rentrée 2022 ne déroge pas à la règle. Cependant, à en croire Maria Garcia, secrétaire générale de l’association SAIS 92, la problématique s’est inversée. « Depuis le Covid, les académies ont les fonds, ce qui n’était pas le cas avant, souligne-t-elle. Par contre, même si on a des postes ouverts, il n’y a pas de candidats qui se présentent ».

De nombreux enfants ne bénéficient donc pas de l’accompagnement permanent dont ils auraient besoin, aggravant l’inquiétude de leurs parents. Selon Maria Garcia, il devient urgent de « revoir le métier » d’AESH en profondeur. « Il faut essayer de mettre des choses en place pour le rendre attrayant, avec par exemple des CDI rapides. Il faut également plus d’heures de formation, car de nombreux AESH démissionnent une fois sur le terrain par peur de mal faire ». S’ils demandent également à être reconnus comme fonctionnaire, rien ne laisse imaginer que leur souhait soit exaucé à court ou moyen terme.

Si la question des moyens humains est sujette à débats, force est de constater que de nombreux moyens sont déployés pour le développement des conditions d’apprentissages matérielles. Avec en priorité la croissance du numérique, comme le souligne Jean-Pierre Bellier, adjoint au Maire de Nanterre délégué à l’action éducative, dans le magazine municipal. « La crise sanitaire a révélé à quel point il devenait nécessaire d’accélérer le déploiement de nouveaux outils numériques dans nos écoles », assure-t-il. Satisfait de l’environnement numérique de travail pour les collégiens, il a ainsi été décidé d’en mettre un en place pour les élèves scolarisés en maternelle et en élémentaire.

L’Éducation Nationale a procédé à de nombreux « job dating » durant l’été, afin de recruter rapidement de nouveaux enseignants contractuels.

À Puteaux, on met l’accent sur les nouveaux équipements et les travaux réalisés dans les différents établissements de la ville. L’école Parmentier a été agrandie, tandis que l’école Jean de La Fontaine le sera à son tour en 2023. Nouveaux jeux, végétalisation des espaces… Au total, c’est 12,9 millions d’euros qui sont investis par la Ville dans les ­établissements scolaires.

La Municipalité de Courbevoie a, elle aussi, réalisé des travaux dans 36 écoles maternelles et élémentaires. Un coup de neuf bienvenu, des simples interventions de plomberie à des réfections complètes de salles. De quoi contenter un corps enseignant satisfait de cette rentrée 2022, à l’image de Charlotte Mayer, institutrice à l’école Pierre de Ronsard. « De notre côté tout s’est bien passé, même s’il y a eu des annonces au dernier moment pour certains postes. Chaque élève avait un enseignant en face de lui, dont trois PES (Professeur des écoles stagiaire) ». Comme quoi, malgré de nombreux remous, tout n’a pas été négatif en cette rentrée 2022.

*L’académie de Versailles, contactée, n’a pas donné suite à nos ­sollicitations.

La rentrée des Hauts-de-Seine en chiffres

Plus de 15 000 élèves ont retrouvé le chemin de l’école la semaine dernière à Nanterre, contre près de 7 200 à Puteaux et 6 800 à Courbevoie. Dans l’ensemble du département, c’est 78 000 collégiens qui ont fait leur rentrée dans les 98 établissements des Hauts-de-Seine. Le Conseil Départemental, par ailleurs, consacre un budget de 800 millions d’euros à ses collèges cette année.

Crédits photo 2 : Taylor Flowe

Articles similaires

Ce site internet utilise des cookies pour mesurer son audience.