Une arrestation compliquée dans l’antre d’un trafiquant

Il est 5 h 45 du matin, le 12 février dernier, quand une colonne de policiers cagoulés, de la sûreté départementale appuyée du GSO93, se masse devant un pavillon de Sèvres. L’objectif de la matinée est de lever un trafiquant de drogue, qui sera arrêté sans difficultés en possession de cannabis et de 6 000 euros en liquide. Seulement, la cible de l’opération ne constituait pas ce jour-là le véritable danger pour les fonctionnaires.

Et en particulier pour le premier agent de la ligne entré dans le logement, après la porte défoncée. Protégé de son bouclier, arme de poing à la main, celui-ci fait immédiatement face au frère du trafiquant, en train de jeter un sac à dos par la fenêtre. À la vue des policiers, l’homme se précipite vers la cuisine, sans raison valable à première vue. « Je l’ai bloqué avec mon bouclier, racontera le première de colonne dans sa déposition. Il a ensuite saisi mon poignet. J’ai compris qu’il était déterminé à saisir mon arme ». Assisté de ses collègues, le fonctionnaire parviendra à se défaire de l’individu à la carrure certaine, et « à la force décuplée par le stress ».

Bien que menotté au sol, celui-ci continuera à se débattre et à donner des coups de talon au policier, qui blessé au genou, écopera de deux jours d’incapacité de travail. L’intervention sera jugée « anxiogène » par la victime, du fait « de la configuration des lieux, du peu de lumière et de la tentative de prise de son arme de service ».

« Le policier aura encore eu plus la trouille quand on retrouvera dans la cuisine, où l’homme tentait d’aller, un Beratta sous la hotte », précisera la présidente du tribunal à l’audience du malfrat. Lui, assurera dans ses auditions avoir été victime de violences policières et d’insultes durant son arrestation. Il saisira en ce sens l’IGPN (Inspection Générale de la police). « On sait comment cela marche, regrettera le policier qui a reçu les coups. On porte plainte pour casser la procédure ».

Après plusieurs semaines d’investigation, l’IGPN conclura à l’innocence des fonctionnaires intervenus ce matin-là. « Mon client a quand même vu sa probité remise en cause, ainsi que la façon dont il travaille, a souligné l’avocate du policier injustement montré du doigt. Il aura fallu attendre la fin de l’enquête pour savoir si oui ou non il s’agissait d’un fonctionnaire défaillant ». Un préjudice moral, qui en plus de ses blessures physiques, justifiera à ses yeux 1 000 euros d’indemnités.

Le procureur ciblera dans son réquisitoire un prévenu ayant « voulu accuser les policiers pour s’en sortir », alors que sa « rébellion est caractérisée ». « Il aurait mieux fait de se laisser interpeller comme son frère », regrettera-il, avant de réclamer 10 mois de prison ferme, assortis d’un mandat de dépôt.

« C’est surréaliste !, s’emportera l’avocat de l’accusé, qui remettra en cause la probité du ministère public. On ne lui reproche pas le trafic de stupéfiant et la tentative de prise d’une arme mais dans le fond… si on pouvait quand même faire comme si, on pourrait lui mettre 10 mois avec mandat de dépôt ! ». Plaidant la remise en liberté de son client, l’avocat appuiera sa demande avec des certificats censés justifier de l’insertion dans la société du prévenu, traiteur africain vivant chez une des ex-épouses de son père polygame. Semble-t-il convaincu, le tribunal condamnera l’homme à 8  mois de prison ferme aménageable, assortis d’une somme de 1 000 euros à verser au policier pour son préjudice.

CREDIT PHOTO: LA GAZETTE DE LA DEFENSE

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