Groupes d’habitants et réseaux sociaux : Whatsapp prend le pas sur Facebook

À Nanterre, un groupe privé Whatsapp d’entraide entre femmes rencontre un franc succès. Les « Meufs de Nanterre » est ainsi largement préféré à Facebook par ses utilisatrices.

Les « Meufs de Nanterre » sont près de 70 habitantes réunies sur un groupe privé utilisant Whatsapp, exclusivement destiné à échanger bons plans et petits services entre voisines à Nanterre. Pour les membres de la petite communauté, le groupe ­Whatsapp, exclusivement réservé aux femmes, a détrôné les fameuses pages Facebook, jusque-là privilégiées par les internautes français pour ce type d’échanges. Au sein de la messagerie privée, utilisée d’abord pour sa réactivité et la confiance que se font les membres du groupe, les sujets politiques sont bannis.

Le groupe Whatsapp des « Meufs de Nanterre » est en ligne depuis septembre 2017. « Au départ, on était quelques copines, c’est ma belle-sœur qui a créé le groupe », explique Margot, Nanterrienne et mère de famille résidant dans le centre-ville. « Ça a pris des proportions énormes : à la base, ça n’était pas du tout pour les nanas de Nanterre, s’amuse Maryline, elle aussi membre. C’était un sondage pour ouvrir une librairie entre copines. »

La librairie n’a finalement jamais vu le jour, mais le groupe a grandi de façon significative. « Ça peut être envahissant », reconnaît Margot, mère de famille, à l’évocation des messages « quasi-quotidiens » échangés entre membres intégrés exclusivement sur invitation. La « réactivité » enthousiasme particulièrement Maryline : « En même pas trois minutes, vous avez dix personnes qui vous répondent. »

Elle qui a une « entière confiance » en les « Meufs de Nanterre », n’est aujourd’hui plus inscrite sur Facebook, et elle n’est pas la seule (la messagerie privée Whatsapp est cependant détenue par Facebook, Ndlr). « Il y a un an et demi, il y a un réseau qui s’était monté, se souvient-elle. C’était des échanges de bons plans pour l’école Sainte-Geneviève, pour des nounous, des choses comme ça. Il est un peu mort maintenant, parce qu’il y a beaucoup de gens qui sont partis de Facebook. »

« J’ai l’impression que tout le monde fait ça, c’est peut-être générationnel », abonde Margot. Elle utilise le groupe « pour trouver un numéro d’orthophoniste, un cours d’art plastique par exemple », énumère-t-elle : « Dernièrement, j’ai donné des bottes pour enfant. J’ai déjà aussi eu des billets pour une pièce de théâtre. » Maryline, Nanterrienne depuis 15 ans, utilise aussi très fréquemment ce réseau local.

« Il y a énormément d’échanges de maisons pour nos vacances », explique-t-elle en ajoutant que de nombreuses offres d’emploi sont aussi publiées. « C’est juste pour faciliter les choses entre nous », poursuit Margot qui décrit « des petits coups de pouce ». Le groupe se veut ainsi exclusivement comme un groupe d’entraide entre femmes. « Il a des filles qui sont sur le réseau qui ont 50 ans, qui ont des gamins de 22 ou 23 ans, d’autres qui en ont 60 et qui ont déjà des gamins qui sont actifs », illustre Maryline, elle-même mère de trois enfants de « 18, 15 et 10 ans ».

« On ne parle pas politique, il n’y a aucun débat », assure Margot, très attachée à ce point. Une crainte s’est en effet installée il y a quelques semaines, lors de l’inscription de la conseillère municipale d’opposition et candidate à la mairie de la commune, Camille Bedin (DVD). Sollicitée par La Gazette, la principale intéressée assure faire un usage « strictement personnel » de ce groupe d’habitantes.

« Ce n’est pas du tout en tant qu’élue que je suis sur ce groupe, indique-t-elle. Je n’en ferai aucun usage politique. Elles ne l’admettraient pas et elles auraient raison. » Camille Bedin constate cependant la multiplication de groupes créés sur des messageries instantanées plutôt que par Facebook à Nanterre.

« Il y a ce ras-le-bol, sur Facebook, de voir les groupes sur les villes devenir forcément, à six mois des municipales, des groupes où les différentes équipes postent des choses qui ont un caractère politique, analyse-t-elle. Et je vois bien que les gens n’apprécient pas forcément, constate Camille Bedin. Je pense que sur Whatsapp, on n’a pas ça. » Pour l’instant du moins, Whatsapp étant devenu un canal électoral majeur dans d’autres pays ces dernières années…

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