Ex-école d’architecture : une réunion publique, mais confidentielle

Quatre projets de transformation de l’ex-école d’architecture ont été présentés aux habitants de Nanterre mercredi 15 mai. Mais ils ont dû s’engager à ne rien en divulguer hors de cette soirée.

Mercredi 15 mai dernier se tenait une réunion publique sur les projets concurrents pour faire revivre le bâtiment de l’ancienne école d’architecture. En friche depuis plus d’une décennie en bordure du parc André Malraux, à un jet de pierre de la Défense, il est désormais inclus dans la seconde phase de l’appel à projets Inventons la métropole du Grand Paris. Au sein du magazine municipal, rien ne différenciait des habituelles réunions publiques de présentation de projets l’annonce de cette concertation, faite par la mairie et la Métropole du Grand Paris (MGP).

Mais tous les présents ont dû signer une déclaration de confidentialité et certifier l’absence de conflit d’intérêt avec les projets présentés dans la salle de quartier. Ils devront aussi le faire ce jeudi 23 mai, lors d’une réunion publique similaire portant sur le futur du Centre d’accueil et de soins hospitaliers (Cash) du quartier du Petit-Nanterre. La mairie de Nanterre avance son souhait de pouvoir présenter les différents projets en compétition avant leur passage devant le jury d’Inventons la métropole du Grand Paris, dont les règles interdisent ce type de publicité des projets en amont.

À 19 h dans la salle de quartier des Terrasses de l’arche, une queue se forme. « Il faut signer une déclaration de confidentialité avant d’entrer », annonce un employé de la mairie de quartier des Terrasses. Le public est venu découvrir les quatre projets en lice destinés à faire revivre l’ancien établissement de 10 000 m² réalisé par les architectes Jacques Kalisz et Roger Salem en 1971. Fermée depuis 2003, l’ex-école d’architecture est laissée à l’abandon depuis lors, aucun des projets de réutilisation n’ayant abouti jusqu’à présent.

Afin de pouvoir assister aux présentations, il est nécessaire ce soir-là de s’engager à « adhérer aux consignes de confidentialité et m’engage à ne divulguer aucun élément présenté lors de la réunion publique organisée par la Ville de Nanterre le mercredi 15 mai 2019 », mais aussi à « n’avoir aucun conflit d’intérêt avec les groupements retenus pour le site de l’école d’architecture ».

« Cette déclaration de confidentialité est obligatoire, […], de sorte à éviter que les promoteurs ne se subtilisent les idées entre eux », indique un fonctionnaire de la Métropole du Grand Paris (MGP).

Les quatre visions des promoteurs sont accrochées au mur, pour que les habitants puissent venir les détailler en fin de réunion. « Mon mari n’a pas pu venir ce soir, regrette une habitante, la trentaine. Je ne vais pas prendre de photos parce qu’on n’a pas le droit, mais c’est dommage, quand même. » Plus loin, Marie-Agnès, 65 ans, estime qu’il est normal de prendre ses précautions lors d’un tel concours : « Il ne faut pas qu’ils se piquent les idées entre eux ! », s’exclame-t-elle.

Après la désignation des candidats, admis à présenter une offre en octobre 2018, soit Novaxia, Eiffage, Nexity-ogic et les Promoteurs de l’Ouest parisien, les équipes ont rendu leur projet de transformation du site de l’ex-école d’architecture le 29 mars dernier. Le jury du concours se réunira le 24 mai prochain pour élire le gagnant, pour une annonce le 19 juin prochain. Ce mercredi soir, les candidats se succèdent pour présenter leurs ambitions, sans se croiser toutefois, afin d’assurer l’étanchéité des présentations entre ces équipes concurrentes.

« Cette déclaration de confidentialité est obligatoire, dans le cadre de l’appel à projets de la Métropole du grand Paris, surtout quand il s’agit d’innovation, de sorte à éviter que les promoteurs ne se subtilisent les idées entre eux », indique un fonctionnaire de la Métropole du Grand Paris (intercommunalité qui regroupe Paris et 130 communes d’Île-de-France, Ndlr). Rien ne doit donc sortir de la salle avant la fin des délibérations du jury et la désignation de l’équipe lauréate.

« Ce type de réunions n’est pas prévu dans le règlement, mais je leur ai dit qu’on ne pouvait pas ne pas avoir une réunion pour les montrer aux habitants, les évaluer », explique le lendemain le maire Patrick Jarry (DVG). Il évoque une réunion aux conditions de confidentialité similaires, tenue lors de la première phase de Réinventons la métropole du Grand Paris, à propos du projet de restructuration de la place de la Boule.

« Ca me semble inconcevable qu’on puisse choisir des projets importants sans échanges », poursuit l’édile de son acceptation du principe de réunions publiques interdisant cependant aux présents d’en divulguer les informations données. « Tout le monde a joué le jeu, de ne pas écouter ce que les autres disaient », se félicite-t-il par ailleurs des architectes concurrents présents à la réunion de la veille.

Articles similaires

Ce site internet utilise des cookies pour mesurer son audience.