RER A : nouvelle étude pour supprimer la relève

Toujours envisagée, jamais accomplie, la suppression de la relève des conducteurs à Nanterre-préfecture va faire l’objet d’une nouvelle étude à la demande d’Île-de-France mobilités.

Faite l’an dernier aux associations d’usagers, la promesse d’une nouvelle étude visant à supprimer la relève des conducteurs du RER A en gare de Nanterre-préfecture est désormais concrète. Île-de-France mobilités, l’organisme satellite du conseil régional en charge des transports publics franciliens, a lancé il y a quelques jours un appel d’offres pour la faire réaliser par un cabinet extérieur indépendant. Permettra-t-elle enfin d’éliminer les quelques dizaines de secondes à plusieurs minutes d’attente en station, subie par ses usagers et vivement critiquée par les associations qui les représentent ?

Les relèves de conducteur ne sont pas exceptionnelles le long du RER A, et ne posent pas de problème majeur… à l’exception de celles de la station Nanterre-préfecture, où le changement s’effectue non entre deux conducteurs de la RATP, mais entre des agents de la RATP et de la SNCF. En effet, la branche Cergy-Poissy du RER A utilise les voies du réseau ferroviaire classique.

« Les règles de conduite ne sont pas les mêmes entre ces deux domaines ferrés car les règlements d’exploitation sont différents, expliquait le blog du RER A dans un billet publié en octobre 2017. Les conducteurs sont donc formés pour conduire sur l’un ou l’autre de ces domaines. » Alors, « à Nanterre-Préfecture, plus qu’ailleurs, les voyageurs ont l’impression qu’ils attendent toujours le conducteur de l’une des deux entreprises pour partir », reconnaissait alors la direction du RER A.

« Île-de-France mobilités s’interroge sur la pertinence et les impacts de la suppression de la relève systématique des conducteurs de la ligne A à la gare de Nanterre-préfecture », indique clairement l’appel d’offres de l’institution. Ce marché public « vise la réalisation d’une étude des conditions d’exploitation de la ligne A du RER ainsi que d’une analyse approfondie sur le fonctionnement actuel de la relève conducteur ».

Mais surtout, le cabinet d’étude qui emportera ce contrat devra étudier « l’opportunité de sa suppression ». Alors, une fois la situation présente examinée, il sera demandé « une modélisation dynamique de la suppression de la relève conducteur ». Et afin d’éviter tout soupçon, comme l’éventualité que l’étude ne soit pas parfairement impartiale, l’appel d’offres précise explicitement que « les candidats doivent être indépendants par rapport aux opérateurs SNCF et RATP ».

Côté délais, le diagnostic d’exploitation du RER A, comme l’étude sur le fonctionnement de la relève et l’opportunité de sa suppression, devraient prendre au total 5 mois une fois le marché public attribué. Quatre mois de plus sont donnés pour établir une modélisation dynamique. Enfin, si décision est prise de supprimer la relève des conducteurs, il est envisagé un accompagnement de sept mois de la part du cabinet d’études pour effectuer un suivi de ses ­préconisations.

La ligne A du RER, 109 km de voies dont 76 km sur le réseau RATP et 33 km sur des rails appartenant à SNCF réseau, représente pas moins d’un quart de la totalité du trafic francilien des RER et des Transilien. « La qualité du service sur cette ligne revêt donc une importance majeure pour plus d’un million de voyageurs quotidiens », reconnaît Île-de-France mobilités dans son appel d’offres. Mais la fin de la relève suffira-t-elle à supprimer l’attente ?

Et afin d’éviter tout soupçon, comme l’éventualité que l’étude ne soit pas impartiale, l’appel d’offres précise que « les candidats doivent être indépendants par rapport aux opérateurs SNCF et RATP ».

En effet, si la relève des conducteurs est très identifiée comme cause de retard par les voyageurs, elle ne serait pas la seule cause de la longueur des arrêts à Nanterre-préfecture, qui peuvent atteindre plusieurs minutes. Le temps perdu par les usagers à cause de la seule relève reste pourtant modéré : à La Varenne, Rueil-Malmaison et Torcy, un temps de stationnement en gare d’une minute suffit habituellement pour la relève entre conducteurs de la RATP, soit à peine plus que le temps de stationnement théorique à Nanterre-préfecture, « de l’ordre de 40 à 50 s », précise Île-de-France mobilités dans son appel d’offres.

Pourquoi ces attentes peuvent-elles donc atteindre parfois plusieurs minutes, temps « irritant du point de vue des voyageurs », reconnaît l’organisme ? Parce que la gare est un lieu de convergence entre plusieurs lignes, c’est-à-dire un goulot d’étranglement, et que l’axe est complètement saturé (et le restera jusqu’à la mise en service du RER E, normalement complète en 2024, Ndlr).

« Une partie des temps d’attente à Nanterre-préfecture résulte, soit du respect de la signalisation en amont d’une convergence ferroviaire, soit de mesures de régulation prises, comme dans les autres gares, pour fluidifier le trafic et réduire les temps de parcours, notamment en situation d’incident », détaillait donc en 2017 la direction de la ligne.

En 2012, une première étude, confiée à Egis rail, dont la SNCF est actionnaire, « concluait à une diminution théorique du retard moyen des trains des branches Cergy et Poissy de l’ordre de 14 à 17 s, selon le sens entre Houilles et la Défense en cas de suppression de la relève », rappelle l’appel d’offres d’Île-de-France mobilités. Déjà, « elle rappelait que l’exploitation de la ligne A restait contrainte par la présence des convergences à proximité de la gare de Nanterre-préfecture sources de sur-stationnements ».

Le cabinet d’étude retenu cette année devra « mener des entretiens auprès des différents acteurs de l’exploitation notamment des lignes du RER A et B », comprenant conducteurs, régulateurs, aiguilleurs, directions de ligne, ainsi que les associations d’usagers, entre autres. Exigée par de nombreux élus comme par les associations d’usagers, la relève des conducteurs en station de Nanterre-préfecture constitue un sujet extrêmement sensible.

Ainsi, « dans la mesure du possible, le titulaire veillera à assurer une parité entre les acteurs rencontrés pour chaque opérateur », prend soin de préciser Île-de-France mobilités. « On se mobilisera pour que cette étude soit sérieuse et d’un meilleur calibre que celle réalisée il y a quelques années, que les opérateurs et Île-de-France mobilités n’ont jamais osé nous communiquer en détail », promettait pour sa part l’association d’usagers Plus de trains l’an dernier.

CREDIT PHOTO : ILLUSTRATION / LA GAZETTE DE LA DEFENSE

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