Nourris d’un sentiment d’injustice, les petits commerçants dits non-essentiels, frappés d’une fermeture administrative le 30 octobre dernier, à la promulgation du reconfinement du pays, sont parvenus à mettre les maires de France de leurs côtés. Depuis, les municipalités rivalisent de dispositifs d’aides financières ou d’accompagnement à la digitalisation et au e-commerce à destination des commerçants et artisans de leur territoire. 

« Entre janvier et septembre, nous avons enregistré 461 ouvertures de procédures, dont 374 liquidations judiciaires, précise sans alarmisme Jacques Fineschi, président du tribunal de commerce de Nanterre. C’est en recul de 36 % par rapport à l’année dernière car un certain nombre de sociétés, s’il n’y avait pas eu la Covid-19, se seraient retrouvées au tribunal. Elles en réchapperont tant que l’État les maintiendra sous perfusion ».

Si les difficultés économiques des entreprises du secteur de la Défense ne se manifestent pas encore dans les chiffres, les plus touchées sont, elles, déjà clairement visibles. « Le secteur le plus impacté est évidemment celui du petit commerce », tranche Jacques Fineschi. Pour lui venir en aide, la municipalité de Courbevoie a récemment pris plusieurs mesures, dont la réaffectation des recettes du stationnement payant vers un fonds d’aide aux petits commerçants et artisans. 

« On l’estime à environ 270 000 euros pour le mois de novembre, détaille David Brexel, délégué municipal aux commerces et à l’artisanat. Si le confinement venait à être prolongé, nous reconduirions l’initiative ». De plus, la Mairie a mis en place un numéro vert (01 55 65 44 44, Ndrl), en collaboration avec la CCI des Hauts-de-Seine, pour informer les commerçants dans le besoin des différentes aides étatiques, régionales et départementales existantes.

« Nous allons aussi mettre en place des webinaires pour accompagner les commerçants vers la digitalisation et le e-commerce », ajoute David Brexel. La mairie de Nanterre s’est donnée la même mission, mais table sur la création d’une plateforme numérique dédiée ; un projet en gestation depuis deux ans maintenant. 

« Pour aider les commerçants, nous avions déjà, lors du premier confinement, décidé d’une année blanche pour les redevances d’occupation de l’espace public par les terrasses, soit 160 000 euros d’aides indirectes accordées par la Ville », explique Rachid Tayeb, adjoint au maire au développement économique et au commerce. Une exonération de loyers pour certains commerçants aurait aussi été négociée par la municipalité avec les bailleurs.

« Nous allons aussi lancer une campagne de sensibilisation auprès des Nanterriens pour les inciter à faire leurs courses dans les commerces de proximité ». Puteaux a, de son côté, relancé son application de soutien aux commerçants : Puteaux Glideapp. Elle permet de commander chez les marchands participants, de se faire livrer à domicile ou de retirer soi-même ses paquets en boutique. 

« La Ville de Puteaux se tient au côté des commerçants pour les aider à traverser cette mauvaise passe : une subvention a notamment été décidée lors du Conseil Municipal du 30 septembre », précisait aussi la Mairie sur son site internet le 6 novembre dernier, sans préciser le montant de cette subvention. Ces mesures seront-elles suffisantes ? « Sitôt les aides seront coupées, nous aurons droit à un rattrapage des défaillances d’entreprises, estime Jacques Fineschi. Cela se fera sans doute d’ici 2021, au 1er ou 2nd trimestre ». 

PHOTO : ILLUSTRATION / LA GAZETTE DE LA DEFENSE