Un homme à rollers, témoin de l’agression d’une femme âgée dans les rues de Boulogne-Billancourt jeudi 17 septembre, a permis l’arrestation du mis en cause. Le skateur a en effet poursuivi l’homme de 34 ans tout en alertant la police par téléphone, et ce jusqu’à ce que les forces de l’ordre le localisent et l’arrêtent.

Vendredi 18 septembre, l’agresseur présumé de la femme, accusé de lui avoir volé un collier en or, était dans le box des accusés d’une salle d’audience du Tribunal de grande instance (TGI) de Nanterre. Vivant sur le sol français illégalement depuis quelques années, le sans domicile fixe a reconnu les faits et a été condamné.

« Plutôt que d’essayer d’améliorer votre situation et de travailler, la solution c’est d’agresser des vieilles dames et de leur voler leurs bijoux ? », demande, sévère, le président au prévenu. Ce dernier a été arrêté par la police alors qu’il courait pour fuir l’endroit où il avait arraché un collier à une femme de 74 ans qui marchait dans la rue. « Elle allait chercher sa petite fille à l’école », constate le magistrat en lisant le témoignage de la victime, absente au procès.

Mais, témoin de la scène, un homme à rollers n’a pas hésité à prendre la suite du prévenu. « Il est resté en contact avec la police jusqu’à ce que vous puissiez être précisément localisé par une patrouille », poursuit le président. Lors de son arrestation, les forces de l’ordre découvrent un collier en or au fermoir cassé dans sa main : la femme agressée le reconnaît formellement.

Comme le témoin, elle n’a pas de doute sur l’agresseur, qui portait alors un haut à manches courtes bleu et turquoise ainsi qu’un short blanc. Il est d’ailleurs toujours habillé ainsi vendredi 18 septembre dans le box des accusés, après avoir passé une nuit en détention provisoire sans pouvoir se changer.

« C’est tellement simple, s’agace de son côté la procureure. Elle est née en 1946, et on voit bien qu’elle est menue sur les photos. » Considérant que l’homme a agi par « lâcheté », elle rappelle aussi qu’il est « bien connu des services ». En effet, s’il n’a pas de casier judiciaire en France, il a fait l’objet de « signalisations à plusieurs reprises » pour du recel, du vol aggravé ou même pour un usage de stupéfiant.

Originaire d’Algérie, l’homme explique être arrivé en France en janvier dernier au terme d’un long périple à travers la Turquie, les pays des Balkans, l’Italie et l’Allemagne. « Vous racontez n’importe quoi », s’agace le président de séance en découvrant que le trentenaire a fait l’objet d’un premier signalement pour recel en janvier 2019.

Bien qu’il présente ses excuses et reconnaisse entièrement les faits, la procureure reste sévère lors de ses réquisitions. « C’est sûr qu’il ne va pas s’en prendre à un basketteur », lâche-t-elle avant de requérir dix mois de prison ferme avec mandat de dépôt. L’avocate du prévenu estime alors que la peine envisagée est bien trop lourde.

« Évidemment, on ne s’attend pas à des félicitations, plaide-t-elle. Mais, dix mois avec mandat de dépôt, ça me paraît très lourd pour une personne qui n’a pas de casier judiciaire. » Assurant que les « choses sont éminemment regrettables », elle demande au tribunal d’être clément et de condamner son client à une peine avec sursis. Mais, après la suspension d’audience, le verdict est sans appel : l’homme écope de six mois de prison avec mandat de dépôt. Il commence donc à purger sa peine le soir même.

RAPPEL
Les condamnations en première instance ne sont pas définitives puisque susceptibles d’appel. Jusqu’à leur condamnation définitive, les prévenus sont donc toujours présumés innocents.

PHOTO : ILLUSTRATION / LA GAZETTE DE LA DEFENSE