Il a obtenu gain de cause. Lors d’une marche blanche en hommage aux 151 lycéens interpellés près des lycées de Mantes-la-Jolie le 12 décembre dernier, l’avocat Arié Alimi, représentant familles, l’Union nationale lycéenne, SOS Racisme et Sud éducation entre autres, avait demandé à ce que les plaintes soient dépaysées au tribunal de Nanterre. Une décision qu’il a confirmée ce mardi 5 février.

Cette demande a été faite pour éviter « qu’il n’y ait une problématique d’établissement de la preuve et de la vérité », détaille Maître Arié Alimi, contacté par La Gazette. « Dans le cadre et du maintien de l’ordre et d’une interpellation judiciaire, il y a à la fois le préfet et le procureur de la République qui prennent des décisions, rappelle-t-il du contexte. Comme c’est eux qui vont superviser l’enquête, s’il s’avérait par exemple que le préfet ou le procureur de la République avait pris une décision qui pourrait avoir une qualification pénale, il vaudrait mieux que cela ne soit pas lui qui enquête sur lui-même. »

L’avocat se dit « très content » de cette décision. « On attend maintenant de savoir réellement ce qu’il s’est passé », conclut-il. Lors de la marche du 6 décembre, cinq plaintes avait été déposées auprès du parquet de Versailles. « Depuis on a une trentaine de familles et il y a une vingtaine de plaintes qui ont été envoyées ou qui sont en attente d’envoi car nous attendions le dépaysement pour les envoyer au bon tribunal, détaille Maître Alimi. On est toujours en attente de nombreuses pièces pour finaliser le reste des plaintes, à la fin on devrait en avoir une trentaine. »

En début de semaine dernière, la procureure de la République de Nanterre, Catherine Denis, expliquait n’avoir reçu « qu’une partie des plaintes », précise l’AFP. Ces dernières doivent ainsi être enregistrées « avant un départ en enquête » qui n’est donc « pas encore ouverte », précise la magistrate à l’agence de presse.

Ces plaintes ont été déposées pour « actes de torture et de barbarie », « violences sur mineur par personnes dépositaires de l’autorité publique » ainsi que pour « diffusion illégale » d’images de personnes entravées. Elles font suite à l’interpellation le 6 décembre dernier de 151 jeunes, âgés de 12 à 21 ans, suite aux manifestations lycéennes et à des dégradations de mobiliers urbains et de menaces de riverains des deux établissements scolaires.

Filmées par un policier, les images des jeunes, à terre ou dos au mur, les mains sur la tête ou menottés, à proximité de l’Agora, avaient été largement relayées sur les réseaux sociaux et avaient provoqué une vive indignation. A l’époque, le préfet des Yvelines, Jean-Jacques Brot, avait déclaré à RTL que l’usage de la force avait été « proportionné ». Une enquête administrative avait également été ouverte pour retrouver l’auteur de la vidéo. De ces 151 interpellations, le parquet avait requis la détention provisoire à l’encontre d’un mineur. Les autres avaient été remis en liberté, avec un rappel à la loi.