Depuis 1994, le marché de Noël de la Défense ne cesse de croître. A son origine, celui qui est le plus ancien d’Île-de-France était composé de 30 chalets. Il en dénombre aujourd’hui plus de 350, sur une surface totale de 13 000 m², et sa consommation d’eau et d’électricité représente l’équivalent d’un petit village. S’il emprunte l’allure d’un mastodonte, Codecom, l’organisateur du marché depuis sa naissance, souhaite un lieu familial, traditionnel, où l’artisanat règne, et où le made in China est banni.

La part belle du marché réside aussi et surtout dans l’offre de restauration. Depuis 24 ans, les salariés descendent chaque année de leur tour pour arpenter les rues créées au milieu des chalets pour déguster une tartiflette ou un sandwich à la raclette. Berlingots, chapeaux, fromages, bijoux, nougats géants, confitures, santons, bougies, poupées russes, jouets en bois, décorations, peluches, l’offre est vaste jusqu’au 29 décembre. Pour les mordus de Johnny Hallyday, un chalet lui est dédié, et semble faire un carton.

Touristes, habitants, travailleurs, les exposants ont vu défiler sous leurs yeux plus de deux millions de visiteurs sur les cinq semaines du marché en 2017. La recette de Codecom semble fonctionner, puisque l’entreprise a emporté cette année encore l’appel d’offres pour les trois années à venir, notamment face au centre commercial des 4 Temps.

Jeudi dernier, une épaisse brume enveloppe le haut des tours de la Défense. Les exposants sont en place, et les premiers visiteurs flânent à l’occasion de la journée d’ouverture. Des odeurs de fromage fondu, de vin chaud et de praline rythment la balade. Les allées sont nombreuses, on pourrait presque s’y perdre. Avec ses 13 000 m², le marché de Noël de la Défense est colossal. Du fait de son emplacement sur la dalle piétonne, ce géant a nécessité une organisation millimétrée.

« On a commencé à monter les chalets mi-octobre, nous sommes obligés de travailler de nuit », indique Philippine Meritte, chargée de production événementielle chez Codecom.

« On a commencé à monter les chalets mi-octobre, nous sommes obligés de travailler de nuit, indique Philippine Meritte, chargée de production événementielle chez Codecom. Pour installer les restaurateurs, on n’a eu que 2 h pour que les camions déchargent leurs marchandises. Pour les commerçants, on a eu plus de 200 véhicules sur le site. Il a fallu tout installer : il n’y a pas d’électricité ou d’eau sous les dalles, donc on amène tout. » Chalets, produits, machines, lumières, décorations, le matériel du marché de Noël est conséquent : « On n’a pas encore tout reçu, les gilets jaunes ont bloqué une partie de nos camions. »

S’il a l’allure d’un mastodonte, le marché de Noël de la Défense prône la qualité et l’unicité de ses produits. Hors de question pour Codecom de surfer sur le style de Marcel Campion, le forain controversé et organisateur de l’ancien marché de Noël des Champs-Elysées. « Ici, nos exposants proposent des produits innovants et uniques, détaille-t-elle. Ce sont des exposants qui ne sont pas distribués dans les grandes surfaces, on a beaucoup d’artisanat, de petits producteurs, de PME, de gens au parcours atypique, qui viennent de partout. »

« On est là pour proposer de se différencier dans ses cadeaux de Noël en faisant vivre des petites sociétés, on est le plus grand d’Île-de-France, et on propose des produits authentiques, diversifiés, poursuit Philippine Meritte. On est une entreprise familiale, mon père a créé le premier marché ici à la Défense, et on veut que ce soit la marque de fabrique, que ce soit un lieu familial, traditionnel. »

La part belle du marché réside aussi et surtout dans l’offre de restauration. Depuis 24 ans, les salariés descendent de leur tour pour arpenter les rues du marché de Noël et se restaurer.

Dans une des allées, deux frères bretons tiennent ainsi depuis une décennie un chalet pour proposer leurs bijoux aux fleurs soufflées dans le verre. Un peu plus loin, un apiculteur revient chaque année depuis l’ouverture pour vendre le miel de ses 400 ruches des Pyrénées orientales. « On a une clientèle très fidèle », commente-t-il. « On crée un pouvoir d’achat intéressant pour nos exposants, et Noël représente un pourcentage important pour eux », explique la fille du fondateur du marché.

Un espace dédié à l’artisanat propose chaque semaine une exposition différente de créateurs des Hauts-de-Seine. Spectacles de marionnette, rencontre avec le père Noël, tour de traîneau virtuel… le marché pense aux enfants pour développer cet aspect familial qui lui est cher. Un chapiteau accueille aussi un arbre à vœux, où ils peuvent accrocher un petit mot, ils peuvent également déposer leur lettre au père Noël dans une boîte aux lettres : « Tous les enfants ont une réponse. »

A 12 h 30, le marché se remplit, et une trentaine de salariés font la queue à un stand de repas montagnards. Certains exposants espèrent que les clients seront au rendez-vous, la fréquentation ayant selon eux diminué suite aux attentats de 2015, même si la sécurité avait alors été renforcée, et l’est toujours avec des agents de sécurité positionnés aux dix entrées du marché. « Nous sommes en rapport permanent avec la police et il y a des policiers en civil sur le marché tous les jours, pointe-t-on chez Codecom. Du point de vue sécuritaire, tout va bien. »